Entre crise, croyances et conséquences écologiques

Article : Entre crise, croyances et conséquences écologiques
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09/10/2013

Entre crise, croyances et conséquences écologiques

« Entre crise, croyance et conséquence écologique » relate sous forme de récit les conséquences d’une crise entre des risques de dégradation écologiques et des phénomènes tabous depuis des décennies sous une certaine croyance et culture sociale.

Crise - Pénurie d'eau
Crise – Pénurie d’eau

Il était 18 heures, comme dans mes habitudes, je me promenais à la plage, histoire de diminuer le stress d’une dure journée de travail et de profiter du coucher de soleil pour m’adonner à mon hobby : la photographie. Sacoche en bandoulière, je m’en allai vers une routine quasi journalière, du moins c’est ce que je croyais avant d’arriver sur les lieux.

A une cinquantaine de mètres des lieux, tout semblait normal, la berge était remplie de personnes. Sur la route les gens affluaient de partout, pour la plupart, munis soit d’un seau ou d’un bidon d’eau vide. Le fait en tant que tel n’est pas inhabituel, bien des gens ont l’habitude de puiser de l’eau de mer pour diverses utilités. J’étais beaucoup plus intrigué par le nombre de jeunes avec des bidons ou seaux vides. Ce nombre ne cessait d’augmenter au fur et à mesure que je m’approchais de la plage. Mon étonnement devenait plus grand et je commençais à me poser des questions qui m’amenèrent à l’unique hypothèse logique dans le temps et l’espace :  » La crise de la pénurie d’eau « . Mais, attendez… Pénurie ? Plage ? Eau ? Mer ? … Finalement, cette hypothèse a fait simultanément surgir de multitudes interrogations dans ma tête. Cette crise de pénurie d’eau en est-elle à ce point ? Le ras-le-bol pousserait-il la population à boire de l’eau de mer ? Bref, il faut que je trouve réponse à toutes ces questions et quelque chose me dit que sur les lieux j’aurai le sésame que je cherche.

Je pointe enfin le bout du nez à la plage, et là le décor est tout autre, au premier coup d’oeil il est facile de se croire dans un pays en guerre où le peuple n’avait qu’une seule issue de secours : fuir par la mer. L’affluence sur la plage était tout simplement HAO (comprenez hors activité ordinaire). En réalité cette masse de personnes que je voyais sur la berge à 50 m ne s’affairait pas à des activités ludiques dans l’eau, mais elle formait des groupuscules de personnes en cercle autour d’un mystère qui ne disait pas encore son nom de là où je l’observais. En m’approchant encore un peu sur la berge je remarque que tout le long de la plage c’était le même décor : des gens formant un cercle autour d’un trou, oui je suis sûr dorénavant que c’est un trou, le mystère décline son nom peu à peu. Mais quel est le lien avec cette affluence de jeunes avec des seaux/bidons d’eau vides ? J’avance vers les groupuscules autour des cercles avec le réflexe de mettre en marche mon appareil photo, le flash éteint pour ne pas attirer l’attention. D’ailleurs certains se sont écartés quand ils m’ont vu arriver me donnant ainsi l’occasion de donner un nom à ce mystère qui formait le point d’interrogation des mes questions : ce trou autour duquel les gens affluent est un puits ! Aussi invraisemblable que ça puisse paraître :   » un puits artificiel d’eau douce « . D’après le jeune, c’est une pratique ancienne, à moins de 5 m de la mer et à moins de 3 m de profondeur se trouvait de l’eau douce, alors face à cette crise de pénurie d’eau, ils ont creusé tout le long de la plage pour faire sortir cette eau douce qu’ils protègent en lui créant un conduit soit avec des empilements de pneus, soit par des tonneaux dont le fond est complètement découpé. Ainsi ils fabriquent une sorte de points d’eau pour apporter une solution à cette pénurie d’eau et soulager les populations des quartiers aux alentours.

Comme on dit, une réponse suscite toujours une autre question.  De l’eau douce à la plage (à moins de 5 m de la mer) ?. Quand le puisatier a prononcé les mots « EAU DOUCE » il a vu un sentiment douteux dans mon regard, alors il s’abaissa, pris une tasse remplie de cette eau et la bu entièrement avant de me dire : « tu veux en goûter ? » (comprenez « ne me prends pas pour un menteur »). Pour ne pas le vexer et par curiosité, j »y ai gouté et ma première réaction a été : je vais aussitôt écrire à ce sujet.  Oui je confirme, c’est bien de l’eau douce, pas salée, alors là pas du tout.  ? Mais la réponse du puisatier na pas été neutre ,elle s’est  est apparentée à une certaine croyance religieuse. Si certains en faisaient un fonds de commerce à raison de 50 F Cfa les 10 litres, d’autres refusaient ou évitaient de la vendre, croyant fermement que cette eau est une gratification de leur guide religieux.  A part ce rattachement religieux, aucune explication naturelle ou scientifique (jusqu’à ce jour) n’a été recueillie sur ce sujet. Il est vrai que les mentalités ne sont pas très évoluées dans ce sens. Ce que je veux dire par là, c’est que chercher à trouver une explication rationnelle ou scientifique serait comme essayer de démentir ou démystifier le mystère religieux autour de ce fait, ce qui serait considéré comme une offense par fidèles croyants. Je ne saurais vraiment dire si c’est la cause du manque de recherche sur ce sujet, mais ce que je sais c’est que nous vivons dans un pays où le taux de croyance fanatique n’est pas des plus faibles, avec un peuple qui préfère être émerveillé que d’être éveillé.  Bref, le mystère reste entier.

Cependant, cela doit-il nous empêcher aussi de protéger l’environnement, l’écologie doit-elle en pâtir pour autant ? Moi je dis non, des recherches peuvent être menées et ceci hors cadre de toute croyance ou appartenance religieuse, sans pour autant offenser qui que ce soit, pour éviter tout risque de dégradation écologique. Quels sont ces risques ? Tout d’abord chercher à savoir d’où vient cette eau afin de s’assurer de sa propreté. Ensuite, chercher à savoir s’il n’y a pas d’autres impacts écologiques comme l’avancée de la mer (en continuant à creuser le sable fin de la plage), le tarissement de la nappe phréatique (en cherchant d’abord si cette eau n’est affiliée à aucune nappe d’eau souterraine, les avis d’experts sont les bienvenus) ou dégradation du sol sur les sites balnéaires. Enfin, protéger le patrimoine touristique. C’est vrai, face à une certaine nécessité en besoins primaires, l’esthétique ne compte plus aux yeux de la population. Par contre reste à savoir si au lendemain de cette crise de pénurie d’eau, les riverains n’en feront pas une habitude malsaine, celle de creuser le long des plages à la quête d’eau douce. Ainsi, par la suite transformer ces sites balnéaires  en une catastrophe tropicale.

Partout dans le monde l’attachement à certaines croyances a toujours rendu tabou certains sujets de développement ou a constitué un blocage à l’essor d’un pays. Mais il existe toujours un  moyen de mettre un pays sur les voies du développement tout en respectant les coutumes et cultures d’une nation… « On dit » même que c’est la base de tout développement d’un pays.

 

Puisatier
Puisatier
Empilements de Pneus
Empilements de Pneus

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Commentaires

Aristides Honyiglo
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Point de superstition ni de mystères!Si la cote de la plage a un niveau supérieur à celui de la mer,les cours d'eau souterrains et leurs nappes phréatiques "coulent" de la terre vers la mer du fait du dénivellement. Ces "puits" sont situés surement sur un cours d'eau souterrain. En plus du sable marin qui joue un rôle de filtre par osmose: on a de l'eau douce mais pas évidemment potable!

Samaké Ba Samba
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Merci bien, Aristides d'avoir répondu à l'appel d'avis experts. L'explication reste fluide et simple.
Cependant reste à savoir si c'est une bonne ou mauvaise pratique.