M’aimeras-tu toujours ? – L’alchimie d’une réponse

Article : M’aimeras-tu toujours ? – L’alchimie d’une réponse
Crédit:
27/09/2018

M’aimeras-tu toujours ? – L’alchimie d’une réponse

Un doux vent soufflait enfin sur la ville, la pluie venait de tomber. Au balcon, les rideaux en ndawrabine déposaient à chaque valse une fraîcheur coquine sur le lit. Elle était adossée au chevet, un oreiller intercalé, lui allongé sur le dos, occupant le lit sur le diagonal.

Sauf qu’à défaut d’un oreiller en coton, il préféra confisquer ses jambes à elle à cet effet. C’était sans savoir que c’est bien lui, qui finira par être prisonnier de ses ongles qui redéfinissaient le tracé de son cuir chevelu par des caresses… Elle s’y atellait avec finesse.

Alchimie d'une réponse

Il va faire bientôt 2h du matin, sous une ambiance tamisée, ils se lancèrent dans une nostalgie de leur début. Un débat rythmé par des jets de pics puérils : elle sous l’argument de qui a dragué l’autre en premier et lui sur la défense de qui a charmé qui en (classe de) Première.

Après un fou rire sur ces lointains souvenirs, ils se fixèrent du regard… Un silence songeur s’installa. Dans bien d’autres circonstances, ce silence aurait pu être lourd et inquiétant. Mais l’ambiance était bien trop intime et rose pour penser au pire.

Dans ce bref moment de mutisme, on pouvait entendre les âmes causer. Les pensées étaient anticipées : ils se connaissaient par coeur. En effet derrière son joli sourire se cachait une question qui lui taraudait l’esprit.

Il s’apprêtait à rompre ce silence, sauf qu’au moment où il descellait ses lèvres la question fut déjà assénée :

M’aimeras-tu toujours ?… 

Elle acta d’abord une pause, pour le laisser ravaler ses mots. Et ensuite enchaina sur un ton crispé :

… Quand mon corps me trahira.

Ses lèvres se scellérent encore, un gloussement se fit entendre. Il avait compris que c’était là une question qu’elle n’a cessé de mûrir et qu’il ne suffirait pas de répondre tout simplement. Il fallait rassurer certes mais rester véridique aussi : il n’aimait pas faire rêver, il voulait vivre un rêve.

Ses yeux se baissérent, il émit un soupir… Mais cette fois avec au coin un petit sourire. Il se releva ensuite, se libéra de ce doux piège d’où il était et alla s’asseoir au bord du lit. Puis il se leva tout en se dirigeant vers le balcon, tout ceci sans là regarder il se mit à ausculter le ciel comme pour vérifier quelque chose.

Elle resta muette mais étudiait le moindre fait et geste, se recroquevilla sur elle-même tout en ayant les yeux rivés sur lui. Elle remarqua qu’il gardait toujours ce petit sourire au coin, ce qui attisait beaucoup plus sa curiosité mais elle le connaissait, la réponse n’allait pas tarder, elle resta patiente.

Alchimie d'une réponse

Le silence reprirent place… Sauf qu’au moment où elle baissait les yeux, il le brisa cette fois à son tour, les yeux toujours fixés au ciel, comme pour narrer une histoire :

« Au fil de mon vécu j’apprends constamment à dompter mon attachement en ce bas monde et ses artifices. Le but n’étant pas de m’en priver mais de les apprécier à leur juste valeur… éphémère. »

Ainsi j’apprends à dissocier le superflu du vrai telle cette fine couche dorée qui cache la blancheur du lait lorsqu’il fermente. Du coup, cela me pousse au jour le jour à éduquer mes goûts et à entraîner mon intellect.

J’apprends à m’attacher beaucoup plus à ce qui restera gravé à jamais mais aussi à profiter de ce qui se doit d’être vécu à l’instant. Je prends donc conscience de l’évolution physique, superficielle ou matérielle de l’être et son impact positif ou préventif.

Conscient que ces attributs se déprécient avec le temps, j’ai appris à réorienter ma définition de la beauté sur ce qui ne saurait périr… Je valorise les échanges et néglige les instances, donne plus d’attention aux émotions et relègue la prestance.

Ainsi je suis devenu une personne beaucoup plus attiré par l’intellect l’adab, la pensée ou tout simplement l’âme des autres. Sapiosexuel disent-ils… Il paraît c’est ainsi qu’on nous appelle ?

Alchimie d'une réponse

Et là, il se retourna pour faire face à elle, marqua un temps d’arrêt et vit à quel point elle était concentrée. Elle ne l’écoutait pas, elle vivait ses mots. Mais en réalité, tout ça elle le savait déjà, elle connaissait son homme. Quelque part, ce discours la rassurait, un peu, mais elle savait que y’avait plus, alors naturellement elle en voulait plus.

Sans même attendre une réponse, il poursuivit son développement :

Je pense que ça va un peu plus loin que ça. La sapiosexualité a pour base de pensée que tout ce que l’oeil perçoit perdra un jour de sa valeur et ainsi sur la même logique l’adepte se laisse charmer par l’intellect.

Alors pourquoi vais-je plus loin que le Sapiosexuel ? Parce que j’ai appris que cette théorie n’est pas tout à fait vraie : Ce n’est pas tout ce que l’on voit qui périt ou qui se déprecie. Il y a de ces attributs qui sont bien physiques mais que le temps n’affecte pas. Par exemple :

Le regard : de part le tracé des yeux et ce qu’ils couvrent
Le sourire : de part le tracé des lèvres et ce qu’elles cachent

Voilà deux attributs physiques qui ne seront pas trahis par le temps et qui dans le fond ne connaissent pas changement de forme. Lorsque l’enveloppe corporel perdra ses attributs de beauté, le regard et le sourire rendront hommage à ce corps ad vitam aeternam.

De la naissance à la mort, de ton premier cri à ton dernier soufle, ton tracé buccal et celui de tes yeux resteront à jamais ta marque, ta signature faciale… telle une empreinte indélébile de tes traits de beauté.

A la réponse de L’alchimie…

Alchimie d'une réponse

Tout d’un coup la question du pourquoi se pose légitimement. Pourquoi les yeux, le sourire ? L’on peut se demander par quoi se justifie le choix porté sur ces deux attributs physiques qui trahissent la théorie du temps.

La réponse à cette question n’est pas dans ce qu’ils sont (la nature de ces attributs physiques) mais plutôt dans ce qu’ils font (leur rôle au delà de leur fonction primaire) :

Tout comme le miroir est parmi les artifices de beauté les plus essentiels, si ce n’est le plus importants chez la femme bien qu’en réalité il ne sert que de reflèt de ce que nous sommes ou tentons de mettre en valeur.

C’est ainsi que le regard reflète la beauté de l’âme et le sourire donne forme à la pureté du coeur. Tout deux ne sont que des moyens d’expression de ce qu’il y a de plus vrai chez l’être, son âme et son coeur.

Méprise ! Un beau regard n’émane pas forcément de beaux yeux. Ces derniers sont subjectifs là où le premier relève d’une sensation, d’une pulsion… Une alchimie. En vérité, l’objectivité de l’attribut « beau » des yeux ne traduit que l’essence du regard.

Et il en va de même pour le sourire, il ne se définit pas forcément sur de belles lèvres. L’âme s’exprime à travers le regard de la personne et le coeur à travers son sourire.

… On peut sûrement aller encore plus loin sur leur alchimie, lorsque deux âmes se lient à travers un regard ou quand un sourire trahit un sentiment …

Mais voilà pour l’instant ce que ton regard et ton sourire m’ont appris et nous avons toute une vie pour aller plus loin et apprendre ce que nous offrira cette alchimie.

Pour le moment, tu sauras que : c’est lorsque ton sourire a attiré mon regard et que ton regard m’a fait sourire, que j’ai su que j’étais en train de t’aimer, t’aimer ad vitam aeternam. []

– M’aimeras-tu toujours – L’alchimie d’une réponse 

SAMAKE Ba Samba – Septembre 2018

Ali s’en alla – Tribute To My Friend

Mon hommage à Muhammad Ali, un ami, une référence mais aussi un symbole de fierté.

Si je devais postfacer: « Ker Saint-Joseph, Rue 61×52 Gueule Tapée »

Si je devais postfacer: « Ker Saint-Joseph, Rue 61×52 Gueule Tapée »…  Page 239… Ainsi donc je termine un ouvrage qui m’a appris ce que les 10 ans d’études primaires et collégiennes ne m’ont « JAMAIS » enseigné :…

Entre crise, croyances et conséquences écologiques

« Entre crise, croyance et conséquence écologique » relate sous forme de récit les conséquences d’une crise entre des risques de dégradation écologiques et des phénomènes tabous depuis des décennies sous une certaine croyance et culture sociale.…
Partagez

Commentaires

Eureka
Répondre

Moi aussi j'ai vécu vos mots, j'ai bu chaque mot chaque pharse, je me suis délectée.
J'ai eu l'impression que vous m'aviez prêté votre regard, que je comprenai enfin certaines choses, que j'étais L'amoureux devant sa bien aimée tentant de la rassurer en même temps se livrant à un discours autant passionnée que véridique.
J'en tire deux choses, toute personne devrait en arriver là, cette distanciation entre le superficiel des choses et ce qu'ils sont vraiment, voir plus que ce nos yeux voient, plus que des yeux voir un regard, y pénétrer et l'encrer comme l'une des plus belles choses. En tout cas moi j'aimerai y arriver.
La deuxième c'est un regain de confiance, devant le miroir je ne regarderai plus mes yeux un peu trop petits ou mes lèvres trop charnus mais j'essaierai de voir un regard, un sourire, celui de mon âme et celui de mon cœur parce que je suis sûre qu'ils sont purs. Mas justement je me demande si ce regard et ce sourire n'existent que dans les yeux de l'aimé, leur beauté ne dépend peut être que du regard qui embrasse le nôtre ? De ce sourire que notre sourire provoque?
Ahhh en tout cas merci, ça fait un moment je n'ai pas écrit, en lisant ça je me demande si j'ai jamais écrit même :) je vais continuer à lire c'est mieux.
Merci pour ces instants d'extase, sans exagération aucune.
Bien à vous.

Samaké Ba Samba
Répondre

Je n'écris plus trop dernièrement mais je dois avouer que rien que l'exercice de répondre à un tel commentaire motiverait tout apprenti écrivain paresseux comme moi. Votre coeur et votre âme? J'en suis sûr qu'ils sont purs. Sans cela vous n'auriez pas pu saisir l'essence de ce texte : je sais et je sens que vous y êtes mirée et je vous rassure que ce que vous voyez n'est que vérité.

Pour répondre à la question posée je vous renverrais sur un autre billet où je l'ai expliqué ainsi :

Pourquoi un homme en PARTICULIER ? C’est là, en effet que ça devient intéressant, je le redis: DIEU fait bien les choses. Parce que oui, ce banal charme nucléaire ne se lit pas n’importe où, ne se reflète pas sur n’importe quels yeux. On dit souvent « Si un homme contemple une femme à son réveil, ne cherchez pas, il est amoureux » pour dire ici, dans ce contexte, si un homme parvient à déceler cette banalité chez une femme, à être victime de ce charme nucléaire c’est qu’il est déjà dans des vapes cupides.

Le billet par ici : https://bataaxal.mondoblog.org/femme-charme/

Eureka
Répondre

Et de deux, encore un pur plaisir même si ce n'est pas la première fois que je vous lis ou que l'on échange :)
Je me suis retrouvée encore dans ce texte, c'est fou mais l'autre jour seulement je parlais du charme de mettre les t-shirt de son homme entre autres.
Je me suis rappelée toutes ces fois où je me suis admirée devant le miroir au réveil (à défaut de CE regard, de CETTE personne lol), c'est pas tous les jours que je me trouve belle au réveil quand même mais bon j'avoue que ça a un charme...
Le charme nucléaire, j'ai pas suivi et je ne suivrai pas votre conseil sorry j'ai besoin de cet arme même si on en a déjà assez que nous maitrisons, imagine avoir l'arme que nous ne maitrisons pas? L'utiliser à notre guise, ce serait jouissif!
Bref! Écrivez plus souvent, je m'en vais fouiller un peu ce blog (ça promet).

Samaké Ba Samba
Répondre

Hey et pourtant j'étais sûr de parler à une parfaite inconnue. Merci de m'avoir donné la puce à l'oreille (depuis lors je n'ai pas eu d'update... J'espère que tu nages toujours dans les océans de Rumi et Ghazali).

Haha, c'est naturel chez vous de ne pas suivre ce conseil, en même temps c'est bien cela qui rend le jeu intéressant. Je suis certain que ce charme est déjà en toi, maa shaa Allah. Tout ce qui te restera c'est de le laisser s'exprimer, le plus naturellement possible.

Merci de cette chaleureuse visite sur mon blog, toujours un plaisir

Naash
Répondre

Comme quoi le sourire et le regard reflètent effectivement la beauté de l’âme❤️ Pour une assoiffée de lecture me voilà devant un pur délice encore une fois. Chapeau

Samaké Ba Samba
Répondre

Et c'est l'un des plus beaux sourires et regards qui écrivit ces mots... Je ne peux être plus comblé ❤️

London
Répondre

J’ai découvert votre blog fortuitement . Ce fut un réel plaisir de vous lire. J’y ai passé une large partie la soirée. Vous avez une très belle plume mashAllah. Je me demande toujours où est-ce que vous (les écrivains en général ) partez chercher votre inspiration..avec ces textes aussi vivants. Personnellement je suis assez passionnée par tout cela mais je me surprends prenant de l’âge et n’appréciant plus trop écrire..Je suis inspirée que lorsque je suis triste. J’écris le plus souvent pour me soulager, de ce fait le résultat est souvent assez mélancolique et surtout intime et donc difficile à partager malheureusement.
Tout ça pour dire que vous réveillez mon esprit challenger et m’encouragez beaucoup à tenter d’écrire des choses plus « positives ».

Samaké Ba Samba
Répondre

Bonjour,
Tout d'abord désolé de répondre tardivement à votre commentaire. Les circonstances m'ont un peu éloigné de ce blog et aussi de l'internet en général.

Cependant ça fait toujours plaisir de lire ce genre de retour et je comprends parfaitement votre sentiment. En vérité je le partage d'ailleurs, il ya bien des écrits qu'on ne peut partager avec le public mais le plus important est d'écrire : n'arrêtez surtout pas. Exprimez vous !

Ça sera toujours un plaisir d'échanger dessus. En vous souhaitant le meilleur, je vous remercie pour ces mots